La zémiologie: une criminologie de recyclage ou le nouveau vernis de la criminologie critique?

En février 1999, dans le Devon, un mouvement de pensée «à caractère criminologique» vient de voir le jour: la zémiologie. Initié par un groupe de criminologues britanniques et irlandais imbus de l’esprit critique, il dresse un constat sévère sur l’état de la criminologie contemporaine. Son objet, le crime, doit laisser place à un nouveau concept, le tort social. Le système de justice pénale, néfaste et incapable de résoudre les problèmes criminels, doit à son tour et selon le cas, être abandonné ou cantonné dans des limites très étroites. En somme, la criminologie, son objet, sa portée et ses applications doivent être entièrement refondés. Mais, étant donné l’apparente originalité de ce courant de pensée, c’est la conception épistémologique et paradigmatique qui suscite l’attention du criminologue sensible à ce qui pourrait apporter de plus à cette discipline. Tel n’est pas le cas si l’on s’y intéresse de plus près. La zémiologie comme le présent article essaye de le démontrer, n’est qu’une redondance de vieux questionnements de la criminologie critique drapés dans de nouveaux habits. Ainsi, après une étude rétrospective sur ses racines ontologiques, et une analyse critique de ses implications théoriques et pratiques, la présente étude esquisse une vision futuriste de l’avenir de ce nouveau courant de pensée. La conclusion qui s’en dégage laisse sceptique à plus d’un titre.