29 septembre 2017 |
Revue internationale de CRIMINOLOGIE et de POLICE technique et scientifique 03/2017
Expansion du marché informel de médicaments au Togo: essai d’analyse du phénomène
par Afèignindou Gnassingbé, Atiyihwè Awesso, Antoine Geissbuhler, Antoine Flahault et Dominique Sprumont
L’expansion du marché informel de médicaments reste une préoccupation majeure pour le gouvernement du Togo. Supposé être le véritable vecteur de médicaments de qualité inférieure et falsifiés aux conséquences sanitaires imprévisibles mais potentiellement inquiétantes, cette pratique reste hors contrôle en dépit de la répression qui est engagée. L’objectif de notre étude est d’analyser les mobiles sous-jacents de la persistance de ce marché. Nous avons ainsi réalisé une étude transversale en deux phases dans la région maritime et la commune de Lomé chez les vendeurs et vendeuses de médicaments de rue. La première, qualitative raisonnée à visée descriptive et analytique, avait eu lieu du 15 au 25 février 2016 et la deuxième, quantitative, s’était déroulée du 4 au 11 avril 2016. Pour les enquêtés, les sources d’approvisionnement des médicaments sont internationales et alimentent des marchés formel et informel nationaux qui bien que de nature contradictoire, sont liés par les intérêts surtout financiers. Les raisons humanitaires, la culture de l’automédication, la prétendue efficacité des médicaments qui y sont vendus, leurs coûts abordables, leur rentabilité et leur disponibilité expliquent cet état de fait. La répression et l’application de la loi devraient se renforcer. Cependant, le gouvernement devra s’engager davantage dans la sensibilisation, la formation, la résorption du chômage et la réduction de la pauvreté. Pour la sécurité des patients et des populations en général, une instauration d’une couverture sanitaire, sinon universelle, au moins en priorité en faveur des plus vulnérables et la lutte contre la corruption s’avèrent urgentes dans la lutte contre le marché informel de médicaments.