21 décembre 2018 |
Revue internationale de CRIMINOLOGIE et de POLICE technique et scientifique 04/2018
Analyse de l’infiltration du discours dominant sur la traite de personnes à des fins d’exploitation sexuelle dans les politiques canadiennes
par Annie Bernier
Cet article propose une analyse critique du discours dominant de la traite de personnes à des fins d’exploitation sexuelle, au Canada. En 2000, l’Office contre la drogue et le crime adopte le protocole de Palerme qui offre, aux pays signataires, une terminologie commune. Cette définition est le fruit de compromis entre deux courants idéologiques féministes définissant la traite de personnes à des fins d’exploitation sexuelle de manières différentes. En lien avec la littérature sur la traite de personne à des fins d’exploitation sexuelle, les auteurs mentionnent qu’un discours dominant se dégage des médias et des campagnes de sensibilisation modulant les politiques et législations sur la traite de personnes.
Ainsi, cet article dresse le portait, d’après la littérature, du discours dominant ainsi que des conséquences qui s’y rattachent. Par la suite, le projet de loi C-452, la Loi sur l’immigration et protection des réfugiés et le Plan d’action national sont analysés pour voir comment le discours dominant s’est infiltré. Ce discours a comme conséquences de présenter une image de la victime « idéale » qui ne représente pas la majorité des victimes, faisant en sorte que plusieurs ne seront pas reconnues. On remarque également un durcissement des frontières sous le couvert de la protection des personnes vulnérables à la traite de personnes, forçant les personnes visées par ces lois à utiliser des moyens d’entrer au pays illégalement, le mettant à risque de traite.
Mots-clés : traite de personne, exploitation sexuelle, discours, législations canadiennes