30 march 2016 |
Revue internationale de criminologie et de police technique et scientifique 01/2016
Ce que nous apprennent les tendances récentes en matière de vols en France et dans plusieurs pays voisins sur les phénomènes de décroissance du crime?
par Cyril Rizk et Inès Bettaïeb
Au début des années 2000, le débat sur la décroissance du crime portait principalement sur les causes de la chute du taux d’homicides aux États-Unis. Par la suite, son objet s’est élargi à des phénomènes de baisse concernant d’autres infractions, violences au sens larges ou atteintes aux biens, et d’autres pays comme le Canada ou l’Angleterre et le Pays de Galles. Une série d’interprétations de la forte diminution de la fréquence des vols liés aux véhicules et des cambriolages inspirée par la théorie des opportunités criminelles retient tout particulièrement l’attention car les hypothèses sur lesquelles elles reposent peuvent être confrontées aux résultats des enquêtes de victimation British Crime Survey (BCS) et International Crime Victims Survey (ICVS). Le schéma proposé par le chercheur néerlandais Jan Van Dijk, la responsive securitization, semble cependant être mis à mal par le retournement de tendances observé depuis 2008 en matière de cambriolages de résidences en France métropolitaine, mais aussi en Belgique et en Allemagne. Les premières exploitations de données disponibles sur les caractéristiques des cambriolages en France et en Belgique incitent à penser que leur hausse récente résulte d’une implication croissante de la criminalité organisée. Cette hypothèse de professionnalisation n’est pas forcément en contradiction avec l’existence d’un cycle antérieur de réponse par l’amélioration des équipements de sécurité, d’autant plus qu’elle devrait susciter sa propre responsive securitization.