28 september 2012 |
Revue internationale de criminologie et de police technique et scientifique |
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Bibliographie (3/2012)
INCENDIES ET EXPLOSIONS D’ATMOSPHÈRE, par Jean-Claude Martin, Coll. Sciences forensiques, Presses polytechniques universitaires romandes, Lausanne, 2008, XI-573 p.
L’auteur, Jean-Claude Martin, docteur en sciences forensiques, est professeur à l’Ecole des sciences criminelles de l’Université de Lausanne. Il nous livre ici le fruit d’une expérience de plus de 35 ans en tant qu’expert dans la recherche des causes d’incendies et d’explosions. Ce manuel s’adresse à un large public, malgré son caractère scientifique avancé: les enquêteurs de la police scientifique y trouveront bon nombre d’explications sur la nature chimique des éléments à l’origine d’incendies, tandis que les magistrats et les inspecteurs d’assurance comprendront mieux les rapports d’experts. Les responsables techniques d’entreprises industrielles, de grandes surfaces commerciales et d’entreprises du bâtiment se sentiront également concernés à plus d’une occasion à la lecture des nombreux cas pratiques, accompagnés de photos couleur.
M. Martin établit une distinction entre les incendies, qui font l’essentiel du livre, et les explosions. Il classe les incendies en fonction des causes scientifiques qui font appel à de grandes connaissances chimiques, physiques et mathématiques, dans la mesure où il faut savoir quelles sont les réactions des produits chimiques dans certaines situations, à quelle vitesse ils réagissent, à condition évidemment d’avoir trouvé trace de tels produits. Les têtes de chapitre sont explicites: inflammation du combustible et entretien de la flamme, allumage par échauffement, échauffement dû à un chauffage autre qu’électrique, échauffement dû à l’énergie mécanique, l’électricité source de chaleur, étincelles et arcs électriques, incandescence et rayonnement.
Les deux derniers chapitres concernent les explosions – cela va jusqu’à l’explosion du spray aérosol – ainsi que les incendies volontaires commis par des incendiaires ou des pyromanes, ou encore par des enfants!
L’expert chargé d’examiner les causes d’un incendie a la lourde responsabilité de parvenir à des conclusions plausibles qui permettent aux magistrats et aux assureurs de donner la suite qui convient à une affaire. Ces expertises consistent souvent en un travail de fourmi où rien ne peut être laissé au hasard, car des éléments apparemment sans importance peuvent apporter la clé de l’énigme. Pour le néophyte, il est impressionnant, par exemple, de voir combien un immeuble entièrement détruit par le feu peut encore receler des traces permettant de connaître les causes du sinistre. Ce néophyte s’inquiètera cependant aussi des accidents qui peuvent survenir suite à de simples travaux d’entretien d’un immeuble ou d’une voiture, malgré les précautions prises, sinistres se déclarant quelquefois bien des heures plus tard.
M. Martin, spécialiste mondialement connu en la matière – il a été appelé sur les lieux de plusieurs grandes catastrophes – précise bien que sa profession est de livrer des conclusions sur les causes du sinistre et qu’il appartient alors au juge de déterminer les responsabilités et de tirer les conclusions sur le plan juridique. Il admet aussi que, parfois, les causes ne peuvent être établies, ni d’ailleurs les responsabilités: la science évolue mais l’expérience des incendiaires aussi... Ce manuel présente l’avantage de faire le point de la situation à un moment donné, sa grande utilité ne fait aucun doute.
Le football à l’épreuve de la violence et de l’extrémisme, sous la direction de T. Busset, Ch. Jaccoud, J.-P. Dubey et D. Malatesta, Ed. Antipodes, Existences et sociétés, Lausanne, 2008, 300 p.
Cet ouvrage est composé d’une série de contributions publiées sous la direction de collaborateurs du Centre international d’étude du sport de l’Université de Neuchâtel et d’un conseiller auprès du Tribunal arbitral du sport à Lausanne. Les auteurs relatent dans un premier temps l’histoire du hooliganisme dans quelques pays d’Europe, plus particulièrement en Angleterre, en Italie, en Belgique, aux Pays-Bas, en Grèce, en Espagne, en Basse-Saxe et en Suisse. La seconde partie de l’ouvrage est consacrée aux mesures prises pour lutter contre ces situations dangereuses et inquiétantes. On reste donc en Europe pour constater que sur ce seul continent, les causes de ces vandalismes varient selon les pays et que les moyens de lutte ne sont alors pas les mêmes selon qu’il s’agit du nord ou du sud et selon la nature des supporters.
Une joute sportive est-elle une fête, une manifestation nationaliste, un défoulement collectif ou la création de violence à l’état pur, violence parmi les spectateurs mais aussi entre joueurs? Dans le cas du football qui est actuellement le plus préoccupant, le hooliganisme – hooligan en français signifie vandale – est né en Angleterre au début des années 60 et s’est rapidement étendu aux autres Etats d’Europe. Chaque auteur de cet ouvrage a son lot d’histoires et de drames à relater, l’ensemble révélant que les hooligans ne sont pas uniquement des vandales prêts à tout casser par dépit face à leur situation sociale, comme on l’a cru au départ. Si l’Angleterre et les pays de l’Europe du nord connaissaient ce genre de hooliganisme de casseurs et étudiaient les moyens de le combattre, l’Italie et l’Espagne allaient, elles, faire la connaissance de supporters ultra, qui se défoulaient sur les stades au nom d’une politique d’extrême droite et raciste. Hooligans ou supporters, il s’est agi le plus souvent de groupes bien organisés, avec un chef, un excellent système de communication, voire des cotisations à verser. Mais leurs objectifs au fil des temps sont devenus moins clairs, la violence et la politique s’entremêlent de plus en plus. Le racisme intervient, avec son lot de contradictions : le public insultant le joueur africain de l’équipe adverse, qu’il encensera deux semaines plus tard parce qu’il a changé de club.
Gouvernements et responsables de clubs ont été contraints de s’entendre pour lutter contre ces manifestations proches de l’émeute, en sécurisant tant l’intérieur des stades que les alentours. Le processus n’était pas toujours simple, car la question se posait de savoir qui allait payer : l’Etat ou le club? Les débordements ont été maîtrisés grâce à l’obligation de n’avoir que des places assises, à la nécessité de parquer les groupes violents en certains endroits bien démarqués près des buts, à l’installation de grillages et de caméras de surveillance, enfin, à l’engagement de services d’ordre chargés de calmer les esprits échauffés, voire de les sortir du stade.
Ces supporters et vandales ont-ils encore quelque chose à voir avec le match du jour? La réponse est non lorsqu’ils n’accompagnent pas l’une des équipes qui va jouer, qu’ils viennent d’ailleurs, simplement pour casser. Le rôle des médias n’est pas non plus exemplaire, ceux-ci ne songeant trop souvent qu’à relater des informations destinées à faire vendre leur support médiatique. S’il est vrai que de grands progrès ont été réalisés au profit d’une plus grande sécurité dans les stades et alentour, le travail n’est pas terminé. Il reste à faire disparaître les insultes et autres provocations, souvent de nature raciste – insultes que l’on entend même entre joueurs –, ainsi que les feux de Bengale qui passent trop facilement les contrôles de sécurité.
Les mesures de répression sont aujourd’hui accompagnées du fancoaching, méthode sœur de la médiation, qui a pour objectif d’éduquer et calmer certains spectateurs. Ce travail porte lentement ses fruits.
Pour terminer, deux remarques étonnantes: les mesures de lutte contre le hooliganisme ne sont pas seules à l’origine du succès enregistré. En effet, les vandales des années 60 se sont assagis, semble-t-il, et la relève n’a pas suivi! Quant à la diminution du nombre de spectateurs en bien des occasions, elle pourrait être en partie le résultat des mesures de lutte précitées : le fait d’être assis dans une enceinte grillagée, à un prix relativement élevé, et l’interdiction de se lever pour manifester sa joie ou son mécontentement, retiendraient le spectateur devant son poste de télévision!