Autopsie d’une erreur judiciaire. Analyse des déterminants de l’erreur judiciaire dans une affaire de meurtre sexuel

Cet article a pour objectif de comprendre les principaux mécanismes producteurs d’une fausse confession dans le cadre d’une erreur judiciaire. La recherche s’appuie sur une erreur judiciaire française révélée en 2008 au cours de laquelle un suspect innocent, Marc Machin, a été accusé et incarcéré pour un meurtre qu’il n’avait pas commis. Sa culpabilité prend fin lorsque David Sagno, le véritable auteur du meurtre, s’accuse lui-même. La présente recherche, menée selon les principes de la théorisation ancrée, se base sur l’observation du procès en cour d’assises de Sagno en 2012 et plus particulièrement des déclarations de Marc Machin et des différents acteurs ayant contribué à la production de l’erreur judiciaire. Les résultats montrent qu’une fausse confession est le produit de l’a priori et des techniques de suggestion psychologique utilisées par l’enquêteur face au suspect. La réceptivité du suspect face à la suggestion entraîne l’implantation de faux souvenirs dans la mémoire. Ces faux souvenirs mènent à l’aveu d’une fausse confession, d’autant plus désirée par les enquêteurs que la pression hiérarchique et médiatique pour trouver un coupable est tenace. Enfin, l’absence de traces ADN sur la scène de crime vient consacrer la preuve indiscutable du mépris de la Justice face à la culpabilité d’un innocent.